Détail de l'œuvre
  • Sylvie Fleury (née en 1961, Genève (Suisse))
  • Frankie Goes to Hollywood (No.1)
  • 2021
  • acrylique sur toile
  • 243.9 x 278.7 x 6.5 cm
  • n° inv. 03464

  • crédits photographiques: Annik Wetter
  • Emblématiques des enjeux artistiques des années 90, les premières œuvres de Sylvie Fleury puisent leur vocabulaire dans le domaine du féminin touchant à la mode, au cosmétique et au luxe.
    Entrée dans le monde de l’art comme par effraction, son premier geste artistique sème le trouble dans le milieu de la critique, tout en la propulsant très rapidement sur la scène internationale. Invitée par John Armleder et Olivier Mosset à intervenir à l’occasion de leur exposition à la galerie Rivolta à Lausanne en 1990, elle pose à même le sol dans un angle de la pièce une dizaine de sacs griffés, résultat de son shopping du jour. Elle donne à ce premier shopping bags le titre de C’est la vie, le parfum de Christian Lacroix. Un geste spontané, désinvolte et inaugural. 
    Se situant, non sans ambiguïté, dans un rapport à la sphère marchande, manipulant ses produits élitistes et une image stéréotypée de la femme, sa démarche lui vaut une réception quasi immédiate et quelque peu trouble, relayée par une critique qui y voit une assimilation de l’art à la mode et une complaisance envers la société consommation. Une posture définie, dans un premier temps, comme insuffisamment ambiguë pour lui appliquer une lecture appropriationniste, et qualifiée de post-féministe, dans le sens où ses œuvres opposent à l’image de la femme, objet de désir énoncé du point de vue masculin, la vision d’une femme se définissant et agissant dans une attitude émancipatrice, en fonction de ses propres désirs. 
    Le travail de Sylvie Fleury ne se résume pourtant pas à la transposition univoque de l'univers de la mode et de la femme dans celui de l’art. Il procède aussi au recyclage des grandes figures du modernisme, comme par exemple, les compositions de Piet Mondrian que l’artiste réinterprète en traitant les plans de couleurs en fourrure synthétique, renvoyant d’un même geste à la célèbre robe Mondrian d’Yves Saint-Laurent. Elle souligne ici le réseau complexe d’influences entre l’environnement quotidien et l’art qui, désormais vidé de sa fonction messianique ou critique, devient un répertoire à disposition de la publicité, de la mode ou encore du design. Enfin, également attentive aux phénomènes des cultures parallèles – qu’il faut considérer comme tout autant de stratégies de résistance à une société uniformisée et uniformisante – Sylvie Fleury explore aussi l’univers du rock, plus particulièrement des rock girlsgroup, celui des car-friends-clubs – créant sa propre agence les She-Devils on Wells en 1997, ou encore celui de la science-fiction. Plus récemment, elle s’est penchée sur l’univers des sciences occultes, des pratiques zen et des méthodes de développement personnel. Et lorsque Sylvie Fleury produit une pièce en néon qui intime be good, be bad, just be, du nom d’un autre parfum, ici, celui de Calvin Klein, elle souligne l’injonction de plaisir immédiat que nous envoie une société en pertes de repères, tout en court-circuitant la récupération de l’art par le marketing économique. (MD–2011)

    Ces dernières années, Sylvie Fleury a réalisé de grands tableaux abstraits qui prennent pour source des œuvres paradigmatiques de la modernité, très largement dominée par les hommes. Elle détourne alors les formes emblématiques d'artistes canoniques pour les customiser de manière totalement décomplexée, en leur appliquant des matériaux qui renvoient à la féminité : textiles à la mode, vernis à ongles ou encore paillettes. Sa série Frankie Goes to Hollywod se réfère aux peintures de Frank Stella, précurseur de l'art minimal américain et inventeur des Shaped Canvas, ces toiles découpées qui renouvellent le rapport de la peinture à l'espace. Par sa manière de les traiter, en traçant avec application des bandes de peinture acrylique blanche légèrement pailletée, Fleury confère aux œuvres de cette série une séduction totalement étrangère à son modèle, qu'elle déplace de cette façon du côté du glamour hollywoodien dont nous parle le titre. (DD–2023)

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