Détail de l'œuvre
  • David Hominal (né en 1976, Evian (France))
  • Through the Windows
  • 2013
  • sérigraphie couleur sur papier HP Mat Litho Realistic 270g/m2
  • 77 x 134 cm
  • édition limitée 5/10
  • n° inv. 03140 / 1 - 4 / 2

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • David Hominal aime regarder le monde et s'intéresse en particulier aux événements politiques et aux images produites par notre société occidentale. Il rapproche ensuite cette actualité avec une forme d’inactualité de la peinture, dont il connaît d’ailleurs bien les histoires, de la peinture flamande de la Renaissance aux grands récits modernes et à l’expressionnisme abstrait. Avant tout peintre, le plasticien français vit et travaille à Berlin depuis 2011. Il a également expérimenté une pluralité de médiums, dont la sculpture, la vidéo, l’estampe, le dessin, l’installation et la performance : autant d’occasions pour glisser d’une technique et d’un style à l’autre, sans plus prêter attention aux catégories. Il fait en outre fi de la distinction entre abstraction et figuration, dans une même fébrilité du geste. Les traces fulgurantes de la matière picturale, qui rappellent en tout temps la corporalité, font écho à des objets du quotidien tels que des ananas, dans des représentations qui revendiquent la présence des choses. De ce fait, le sujet est parfois prétexte ; l'attention à la manière avec laquelle on peint domine, dans des œuvres qui, bien que souvent minimalistes et géométriques, ne présentent pas moins des irrégularités dans leurs tracés, loin des expériences néo-géo. À partir d'un intérêt pour le signe, l’héraldique et le symbole, vidés de leur référent et de leur signifié, on ne trouve plus ni signification simpliste, ni message à délivrer. Il reste par contre la vitalité du geste et l’acuité du regard.

    Les quatre sérigraphies couleur Through the Windows ont été éditées en 2013 par le Centre d’édition contemporaine de Genève lors d’une exposition du même nom, qui présentait aussi une publication et une pièce sonore. Le livre produit à cette occasion rassemble un ensemble de matériel lié à la vie berlinoise de David Hominal entre 2010 et 2012 (photographies des murs de son atelier, images trouvées, croquis et dessins, notes sur des tickets, etc.), formant un recueil d’idées et de souvenirs personnels, intellectuels et artistiques. Les sérigraphies s’ancrent quant à elles dans un contexte légèrement postérieur, celui du séjour de l’artiste à Belgrade suite à son départ précipité de Berlin, et donnent à voir les premières perceptions de ce nouvel environnement. Le motif de la fenêtre revient régulièrement dans son travail et se décline sous différentes formes, plus ou moins abstraites, parfois en mettant l’accent sur le motif derrière les carreaux, d'autres fois sur la structure même de l’ouverture ; une curiosité insatiable pour les tensions entre le vertical et l’horizontal qui rappelle le néoplasticisme de Piet Mondrian. La fenêtre devient alors cadre perspectif, voire simple délimitation et division de la surface peinte. L’œuvre de David Hominal ne se conçoit ainsi pas comme un programme évolutif, mais fonctionne par cycles, répétitions et retours en arrière. Les sérigraphies de 2013 montrent l’autre côté de la fenêtre : il s’agit d’un environnement citadin difficilement définissable, aux formes sombres et troubles, aux couleurs ocres, noires et grises, où les effets formels de disparition et d’effacement sont maîtres. On y distingue le motif ornemental d’une balustrade derrière laquelle s’étend une terrasse, ainsi que deux chats – l’un roux, l’autre blanc et noir – qui viennent animer ce paysage urbain. Dans cette série, comme souvent dans son œuvre, les allers-retours entre la présence et l’absence des choses sont centraux. La réalité se dérobe, et pourtant il y a tant à voir. (NM-2023)

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