Détail de l'œuvre
  • Jérôme Hentsch (né en 1963, Genève (Suisse))
  • Sans titre (Enveloppes)
  • 2002-2012
  • enveloppes à fenêtre, aimants, clous de tapissier
  • 143.4 x 301.9 cm
  • n° inv. 03121 / 1 - 80

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Au recto, Jérôme Hentsch a toujours préféré le verso, ce qui ne s'impose pas au premier abord, mais se dévoile ensuite, dessous, derrière ou dedans. Et tout son travail est orienté par son intérêt pour le langage, qu'il prend à rebours. Lors de ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Genève, il a commencé par la peinture, avec l'idée qu'elle devait être un leurre du réel. Puis il a cherché à œuvrer dans le dialogue, en collaboration avec d'autres et avec le texte cette fois. Il s'est alors tourné vers la performance, autour du théâtre en particulier, non pas pour lire les textes, mais pour montrer ce qui dans une pièce est écrit pour ne pas être dit, les didascalies. Il a également imaginé une exposition sur répondeur automatique, avec le message d'un artiste différent pour chaque numéro de téléphone. Ou encore, lors du vernissage d'une exposition de Pierre Vadi, il a écrit un texte de Valère Novarina sur le mur, avec un cône en carton, pour faire entendre des lettres invisibles. Il a repris cette idée dans une exposition personnelle en 2016 pour laquelle, sous le titre de L’Instrument (2016), il a fait fabriquer par un luthier une caisse de résonnance qu'il a enchâssée dans une petite table, sur laquelle il a écrit à la main tout le texte de Bartleby, de Herman Melville. Les sons produits par le stylo ont été enregistrés, comme la musique d'un texte dont les mots sont audibles, mais en deçà de tout phonème, dans le geste premier du tracé. Jérôme Hentsch a ensuite cessé de collaborer avec d'autres artistes pour redémarrer sa pratique, dit-il, en dialoguant avec des livres. Parallèlement, il s'est remis à la peinture, qui est aussi pour lui quasiment de la littérature, sur quatre couches : rideau, scène, didascalie et masque. 

    Et puis il collectionne. De cette pratique, le Fonds cantonal a acquis un ensemble de dédicaces, en plus de cette série. Il s'est mis à conserver les enveloppes qui lui parvenaient, tous formats et teintes confondus. Il était intrigué par les motifs intérieurs, parfois présents pour empêcher de lire le contenu lorsque les enveloppes sont fermées. Il s'est alors interrogé sur cette matière première et son immense variété. Constatant que pour les enveloppes à fenêtre, l'ouverture fonctionnait comme un cadre, il a décidé d'intervenir en prenant un ensemble d'enveloppes identiques et en y collant des intérieurs différents, qui remplacent l'adresse. Il s'est alors posé la question du destinataire pour sa propre pratique et il s'est dit qu'il devait assumer de travailler sur une adresse vide, qui se préciserait une fois le travail réalisé. A l'inverse, il a aussi constitué une collection de son nom et de son adresse manuscrits par diverses personnes. Tous ces ensembles sont pour lui des façons d'écrire par d'autres moyens et en se retirant. (DD-2016)

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