Détail de l'œuvre
  • Fabrice Gygi (né en 1965, Genève (Suisse))
  • Sans titre
  • 2018
  • aquarelle sur papier
  • 177 x 132.5 cm
  • n° inv. 03308

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Selon Fabrice Gygi, ses premières œuvres sont les tatouages qu'il s'est lui-même dessinés sur la peau lors de son adolescence en rupture avec l'ordre établi. Formé à Genève au Centre de Gravure Contemporaine, à l'école des Arts Décoratifs puis à l'école des Beaux-Arts, vivant dans des squats et toujours rétif à l'ordre social, il pratique d'abord la gravure et se fait connaître par des performances radicales dans lesquelles il explore les limites de son propre corps. De cette sphère intime, sa pratique artistique se déplace ensuite vers les mécanismes autoritaires de l'environnement social. Il travaille alors dans des sculptures-installations faites principalement de bâches et de métal, qui évoquent de manière ambigüe la répression et la protection. Ces structures s'inspirent des dispositifs urbains destinés au maintien de l'ordre, contenant en elles une violence latente.
    Puis, alors même qu'il a rapidement accédé à la reconnaissance par le biais d'expositions importantes dans des institutions internationales, par l'obtention de nombreux prix et en représentant la Suisse aux Biennales du Caire (1996), de São Paulo (2002) et de Venise (en 2009), sous la pression de sa notoriété et du discours sur son travail dans lequel il ne se reconnaît pas, l'artiste se retire et disparaît du circuit. Durant cette retraite, il opère un tournant décisif dans son œuvre, abandonnant les dimensions monumentales de ses précédentes installations, pour se consacrer à la pratique de la bijouterie. Si la rupture a surpris, elle s'est faite dans une continuité qu'il faut aller chercher ailleurs que dans la portée politique et l'échelle du travail. En effet, les bijoux réalisés par Gygi sont caractérisés par des formes abstraites et pures qui sous-tendaient déjà les installations précédentes, mais de manière moins manifeste, car portant alors une forte dimension sociale. Intéressé par l'art minimal, l'artiste s'est inspiré pour les formes de ses bijoux d'un des pionniers du minimalisme, Kasimir Malevitch, et plus précisément de ses architectones, modèles en trois dimensions réalisés à partir du début des années 1920 pour faire évoluer le suprématisme de la peinture à l’architecture. Cette expérience de la bijouterie permet à Gygi de passer à des œuvres purement abstraites, qui ne se prêtent plus à aucune interprétation, à aucun discours. Elle lui donne aussi la possibilité qu'il recherche, de maitriser toutes les étapes de la création, de la conception à la réalisation, sans délégation.

    C'est avec des sculptures issues de son expérience de la bijouterie que Gygi revient sur la scène artistique. Parallèlement, il se met à la pratique de l'aquarelle de grand format. On retrouve dans cette technique un contraste identique à celui observé dans les sculptures récentes, entre la rigueur du motif, une grille orthogonale constituée invariablement de deux lignes verticales et de trois lignes horizontales d'égale épaisseur, et le geste, parfaitement maîtrisé, mais qui demeure visible dans les traces du rouleau et la charge inégale de couleur d'un bout à l'autre des lignes. Ici la grille est monochrome, ailleurs elle peut croiser deux couleurs. Peintes d'un seul geste, en couches superposées, les lignes qui les composent témoignent d'une profonde rigueur dans leur réalisation. " Par la répétition, dit l'artiste, je recherche l'usure. Une concentration qui oblige à être dans le moment présent." (DD - 2023)

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