Détail de l'œuvre
  • Yuri Ancarani (né en 1972, Ravenne (Italie))
  • Piteco e il Faro
  • 2021
  • vidéo numérique, couleur, muet, 7'30'', loop
  • H.C.
  • n° inv. CP 2021-4

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Gare de Lancy Pont-Rouge
  • Œuvre produite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève, pour le programme MIRE. Diffusée sur le mur LED de la Gare de Lancy-Pont-Rouge entre août 2021 et juin 2022.

    Yuri Ancanari a toujours accordé une grande importance au son, qu'il évoque uniquement par l'image dans cette œuvre vidéo entremêlant deux films. Dans sa région natale à Ravenne, le fouet ou sciucaren est utilisé comme instrument de musique et appartient à un style de musique folklorique, le liscio. Tradition initialement réservée aux hommes, le fouet est aujourd'hui également pratiqué par les femmes. C'est dans cette évolution des mœurs, grâce à une ouverture des pratiques populaires et spectacles traditionnels à un plus grand public, que cette partie de la vidéo d'Ancanari s'inscrit. Le vidéaste, fasciné par ces pratiques populaires qui persistent, y apporte sa touche personnelle en ôtant le son des extraits filmés, ce qui a pour effet de laisser au public le soin d'imaginer le rythme maîtrisé des claquements.
    Par ailleurs, le clubbing et la vie nocturne sont considérés par Ancanari comme une pratique culturelle rituelle au même titre que les danses et chants folkloriques. C'est ce qu'il tente de démontrer de manière filmique, en présentant ici des images tournées lors de la venue d'un célèbre dj britannique à Venise, peu avant le confinement de 2020. Les visions de foule proche d'un état de transe se teintent aujourd'hui de nostalgie et semblent presque irréelles. Ancanari soulève ici la question de l'accès aux rituels exutoires et fédérateurs dans une culture occidentale orpheline de ses pratiques les plus courantes, et révèle néanmoins la parenté entre les codes consacrés propres aux mondes traditionnel et contemporain. En reliant ces deux images, ces deux époques, Yuri Ancanari souhaite faire voyager un public pendulaire, en transit aussi bien dans ses pensées que dans son corps.

    Sound has always been important to Yuri Ancanari. Two films are mixed together in this video work, in which sound is only suggested through image. In his native Ravenna, the whip – or sciucaren – is used as a musical instrument and belongs to a style of folk music called liscio. Originally a tradition reserved for men, the whip is now also played by women. This part of Ancanari's video is set in this evolution of customs, through the opening up of popular practices and traditional shows to a wider public. Fascinated by these persistent popular practices, the video maker adds his personal touch by removing the sound from the filmed extracts, leaving the audience to imagine the controlled rhythm of the cracking.
    Besides, Ancanari sees clubbing and nightlife as ritualistic cultural practices in the same way as folk dances and songs. He attempts to demonstrate that in his film, presenting footage shot during a famous British DJ’s set in Venice, shortly before the 2020 lockdown. The visions of a trance-like crowd are tinged with nostalgia today and seem almost unreal. Here Ancanari raises the question of access to outlet, unifying rituals in a Western culture orphaned from its most common practices, while nonetheless revealing the kinship between the accepted codes of the traditional and contemporary worlds. By linking these two images, these two eras, Yuri Ancanari is willing to take a commuting audience on a journey, transiting both within their thoughts and within their bodies.

Media

Results:  2

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