Détail de l'œuvre
  • Gérard Collin-Thiébaut (né en 1946, Lièpvre (France))
  • Marcel Brancusi, Démultiple Marcel, enameled
  • (s.d.)
  • bois de hêtre
  • 360 x 38 x 38 cm
  • n° inv. 03322 / A - F

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Gérard Collin-Thiébautd élabore depuis les années 1980 un vaste corpus où se tisse un réseau de citations et d’indices ouverts sur le monde et reliant les œuvres entre elles. C’est un travail critique, ironique et savant, se référant à l’art classique, moderne ou populaire, comme à la littérature, la musique, la philosophie. Collecter, reproduire, classer, cataloguer, exposer, refaire, dans une approche quasi encyclopédique. Expérimenter de vieux gestes artistiques (les VGA) et en inventer de nouveaux (NGA). Se saisir des codes de production artistique, de monstration, de diffusion et d’analyse, pour les rendre visibles et les transformer de l’intérieur. Ses réalisations prennent ainsi des allures paradoxales et déroutantes, s’appropriant parfois des éléments préexistants dans un processus lent et laborieux. Dans ses Transcriptions, il assemble patiemment des puzzles commerciaux reproduisant des peintures célèbres, qu’il encadre ensuite selon l’époque du tableau, et qu’il présente au mur parmi les originaux d’artistes invités. Dans ses Copies, il s’applique à recopier à la main des ouvrages entiers de Flaubert, Lautréamont, Montesquieu, Barthes ou Amiel. On a ainsi pu le voir en action dans l’atelier que le Mamco lui a consacré pendant une quinzaine d’années, dans une muséographie délibérément désuète et surchargée, combinant vitrines dépareillées et reproductions disparates. Car la mise en scène participe activement à son appareil réflexif et critique. De même, les titres choisis, souvent à double sens ou porteurs de calembours, orientent l’interprétation des œuvres, voire même les initient. Les Rébus illustrent le lien essentiel qui se trame entre images et mots, dans une approche ludique et participative. Ses œuvres conçues pour l’espace public, loin de chercher le monumental, manifestent son désir de s’insérer dans le quotidien de façon légère et détournée, par exemple sur des billets d’entrée, des tickets de parking ou de transport, reprenant la forme ancienne de vignettes et d’images d’Epinal, qu'on peut jeter ou reconstituer en série entière, pour la faire valider par l’artiste comme objet de collection. 

    Marcel Brancusi, Démultiple Marcel, enameled fait partie d’une série de « sculptures par métaphore ». Des tabourets identiques, alternativement peints ou non, s’empilent en quinconce, formant une sorte de totem ajouré. Le titre combine et explicite les références à Marcel Duchamp et à Constantin Brancusi, deux maîtres incontestés mais divergents de l’art du XXème siècle. Le tabouret choisi reprend en effet la base du premier ready-made de Duchamp, sa roue de bicyclette inversée de 1913, tandis que la silhouette d’ensemble rappelle la colonne sans fin de Brancusi, dont la première version en bois massif date de 1917-18. Ce sont ainsi des attitudes artistiques apparemment incompatibles que Gérard Collin-Thiébaut parvient à marier dans cet assemblage incongru et pourtant pleinement convaincant. Comme si ce cousinage formel caché attendait de nous être enfin révélé. (ABLB-2020)

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