Née en 1965 à Montréal, Francesca Gabbiani a grandi à Genève dès 1969, où sa famille est venue s’installer. Elle y étudie à l’École supérieure des Beaux-Arts (ESAV) avant de partir se former à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten (RAKB) d’Amsterdam. Au milieu des années 1990, elle quitte l’Europe pour s’installer à Los Angeles, une ville où elle travaille et vit toujours. Depuis ses premières expériences marquées par l’abstraction et un fort intérêt pour la matière picturale, elle a travaillé avec différents médiums, développant notamment une minutieuse technique de papiers découpés, où les motifs ornementaux et la couleur jouent des rôles centraux, puis dévoilent d’étranges narrations et des impressions de déjà-vu. Ces imposants collages ont d’ailleurs fait sa renommée internationale. En prenant Los Angeles et les spécificités de son urbanisme comme sujet de déambulation, la démarche actuelle de l’artiste consiste en un processus de déconstructions et de reconstructions successives : à partir de photographies de son environnement, elle réalise des dessins qui sont ensuite réinterprétés dans de grandes peintures mêlant encre, gouache, acrylique et papiers colorés. L’œuvre de Gabbiani, qui aime se qualifier de « technicienne de surface », a été récompensé par de nombreux prix et expositions, dont plusieurs Swiss Art Awards.

Groove, 1997, est une œuvre composée de quatre panneaux d’aluminium de format carré sur lesquels a été déposé un mélange de cire et d’huile. Ils s’exposent vissés à même le mur, sans aucun espace entre les différents éléments, composant ainsi un ensemble de grandes dimensions. L’artiste débute alors sa carrière aux États-Unis, où elle obtient en 1997 un Master à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). C’est ici l’expérience de la texture qui semble central, tout comme un intérêt plus général pour la répétition gestuelle, ainsi que pour l’abstraction et ses rapports au réel : telle une pelote de fils emmêlés, la forme ronde qui occupe l’espace supérieur gauche de l’œuvre vient creuser la matière cireuse déposée sur la structure métallique et dévoile, sous la couche picturale supérieure de couleur crème, un arrière-fond noirâtre. Le mouvement est appuyé, le trait vif, et leur énergie réunit les quatre éléments en une seule surface. Le titre de l’œuvre fait quant à lui référence au rythme, le terme groove provenant à l’origine du jargon des musicien-ne-s de jazz afro-américain des années 1930. Chez Gabbiani, c’est le geste physique qui semble évoquer cette qualité rythmique et ramener les spectateur-trice-s au moment même d’une création incarnée. En sus de cette œuvre, le FCAC conserve trois autres travaux de Francesca Gabbiani : une œuvre de jeunesse, Sans titre, 1991, réalisée alors que l’artiste habitait encore à Genève, ainsi que deux œuvres de 2001, une sérigraphie et un collage. (NM-2022)