Détail de l'œuvre
  • Helmut Federle (né en 1944, Soleure (Suisse))
  • Null Bild Serie, 2. Phase, Tafel B
  • 1993
  • acrylique sur aluminium
  • 70 x 100 cm
  • n° inv. 01999

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Inscrit à vingt ans à la Kunstgewerbeschule de Bâle, Helmut Federle prolonge son éducation artistique dans l'atelier du peintre Franz Fedier, ainsi que par de fréquentes visites au Kunstmuseum où il découvre les œuvres de Mark Rothko, Barnett Newman et Clyfford Still. Influencé par l'art américain, il délaisse les paysages stylisés de ses débuts et commence à créer dès 1977 des peintures géométriques basées sur une conception minimaliste de la surface, devenant rapidement l'un des artistes suisses les plus engagés dans un retour à l'abstraction. Sous le choc de l’accueil négatif réservé à son exposition à la Kunsthalle de Bâle en 1979, il décide de quitter la Suisse pour s’installer à New York où il restera jusqu’en 1983. Ce séjour provoque une rupture dans sa peinture : il radicalise ses compositions, supprimant toute allusion à la réalité, travaille sa facture, restreint sa palette chromatique, accentue le rôle des valeurs et modifie ses formats. Cette nouvelle posture orientée vers une production géométrique rigoureuse et monumentale conduira à la reconnaissance de son œuvre. L'abstraction de Federle signifie davantage que la non-figuration et ne saurait être appréhendée du seul point de vue formel, puisque l'artiste confère à ses peintures une dimension spirituelle qui dépasse largement les aplats géométriques qu’elles présentent. À la fois nourrie par la quête mystique de Rothko et de Newman, la pensée nihiliste de Friedrich Nietzsche, l’anthroposophie de Rudolf Steiner ou encore le shintoïsme japonais, et enrichie par de longs voyages en Inde, au Népal et au Moyen-Orient, la démarche de Federle reflète la quête perpétuelle d'une certaine exigence existentielle. Installé à Vienne dès 1985, l'artiste y poursuit ses recherches formelles sur l'agencement de la composition. 
    La production picturale de Federle se décline dès 1981 en de grands tableaux individuels réalisés dans une gamme chromatique aux tonalités sourdes et ternes qui se situe à l'opposé de la palette moderniste, venant soutenir l'effet de pauvreté de ses toiles. L'artiste y conserve invariablement une structure spatiale à deux dimensions fondée sur une dialectique entre l’horizontale et la verticale. Privilégiant les grands espaces vides, il y intègre pourtant quelques formes géométriques (carrés, rectangles) ou encore ses initiales H et F, qu’il dispose aux bords de la toile dans une volonté d’étendre sa composition hors des limites spatiales imposées par le champ pictural. Les formes simples déclinées en aplats de couleur cernés de contours nets se trouvent discrètement contrebalancées par les légères modulations de la touche et l’aspect tactile, presque rugueux, de la surface qui acquiert ainsi une présence plastique.

    Les peintures monumentales de Federle côtoient des séries de tableaux de petit format dans lesquels l'artiste expérimente toujours le principe essentiel de son approche: la recherche de l'équilibre délicat entre les formes et le fond. Dans le panneau Null Bild Serie, 2. Phase, Tafel B de 1993, Federle dispose des champs rectangulaires de couleur anthracite dans les coins opposés du tableau sur un fond uniforme gris foncé. Si dans son œuvre construction géométrique et geste pictural s'équilibrent, cette "série d'images zéro" relève d'une tout autre démarche. Exécutées au pistolet sur des feuilles d'aluminium, ces peintures présentent une surface totalement lisse dénuée de toute texture, annihilant entièrement la facture du peintre, dont le geste semble s'être évaporé. (IK-2023)

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