Détail de l'œuvre
  • Timothée Calame (né en 1991, Châtel-St-Denis (Suisse))
  • Partis 3 (au service du mensonge, les mots ne sont pas les seuls)
  • 2016
  • papier, acrylique, plastique, épices sur panneau Isorel
  • 176 x 120 cm
  • n° inv. 03254

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Diplômé de la HEAD en 2014, Timothée Calame (*1991) développe un travail qui investigue des questions politiques, sociales et économiques en épousant au plus près tout ce qui est humain, sensible et parfois contradictoire. Il œuvre avec une esthétique de constructeur qui combine spatialité et matériaux, sonde les contraintes et agence l'expérience urbaine et ses vicissitudes dans les circuits proposés au public de ses expositions. Sans privilégier une technique plus qu'une autre, Calame se maintient en état de recherche permanent et passe avec aisance du volume à la vidéo tout en racontant le sublime chaos du monde et de la vie. En 2012, il cofonde l'espace d'art Marbriers 4 qu'il ne quitte qu'au moment où le fonctionnement du lieu se rapproche trop de l'organisation classique d'un off-space géré par des artistes. Aujourd'hui installé à Marseille – ville devenue ces dernières années ce que Berlin a pu être pour les artistes à l'orée des années 2000 –, il expose régulièrement, plus particulièrement en France et en Suisse, et continue de collaborer avec d'autres artistes pour la création de pièces. 

    Avec une économie de moyens affirmée, Timothée Calame se sert dans sa série Partis (2016) de champs lexical et visuel en forme de palimpsestes. Les grands panneaux de bois recouverts plus ou moins adroitement de papier présentent toutes sortes de traces décolorées et sont traversés en largeur d'un motif de train vieillot. Cette espèce de papier-peint, partiellement détaché de son support et gonflé de bulles d'air par-ci, par-là, interpelle le regard par sa matérialité et par la composition de l'image, présentant un fond prépondérant. Entre planche de travail et panneau d'obstruction utilisé pour empêcher l'occupation d'un immeuble longuement inhabité, différents récits traversent l'esprit des regardeurs. À quoi, à qui servent ces planches? Quels messages véhiculent-elles, qu'empêchent-elles? De quelle ville sont-elles les spectres tout en pâleur? On ne voit pas les silhouettes des voyageurs de ce train-archétype, qui ressemble à un RER, mais on lit bien les mots en convoi: "le trivial trafique" et "au service du mensonge – les mots ne sont les seuls". Ces mots semblent manipulateurs et sonnent comme le revers de communiqués de presse issus de partis politiques peu scrupuleux, voire malveillants, ils inquiètent et induisent un état d'alerte presque sous-cutané. Finalement, personne ne rêve d'être transporté, dans aucun des sens du terme, mais voilà que le public est aux aguets. Un simple train sur une simple surface de papier malmené: des ressources modestes avec lesquelles Calame réussit à nous mettre en éveil. (PK-2023)

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