Détail de l'œuvre
  • Vidya Gastaldon (née en 1974, Besançon (France))
  • Celui qui a pour œil
  • 2009
  • acrylique, gouache, aquarelle, crayon de couleur, mine de plomb sur papier
  • 79.2 x 97.8 cm
  • n° inv. 03027

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Le travail de Vidya Gastaldon se décline en multiples facettes, performances, vidéos, films d'animation, et surtout installations et dessins. Dans le monde enchanté qu'elle nous donne à voir, les contenus savants et populaires de notre culture mondialisée cohabitent en bonne entente, et diverses strates historiques affleurent : les souvenirs de la génération hippie, « flower power » et pop des années 1970, avec macramé et tricot des néo-ruraux du Larzac, se combinent à des éléments en plastique coloré comme à des formes issues du Minimal Art, tandis que des poneys roses, des Smiley et des figures de Barbapapa se mêlent à des divinités millénaires hindoues et à des dragons chinois flottant dans des paysages psychédéliques. La série de dessins exposés au MAMCO en 2005 présentait surtout de larges espaces vierges, offrant aux quelques lignes de crayon noir et de couleurs un immense champ de développement virtuel. Les dessins plus récents emploient plus abondamment l'aquarelle, la gouache et l'acrylique, dans de riches superpositions chromatiques, et sur des surfaces plus saturées. Formes et couleurs conservent pourtant leur fluidité, puisque l'aquarelle permet des jeux de transparence propices aux apparitions et aux transformations oniriques chères à l'artiste, tandis que les rehauts de gouache ou de crayon viennent illuminer une arrête ou préciser un détail. Sans rien perdre de leur mobilité, les dessins gagnent ainsi en profondeur et en intensité expressive. Les accrochages, dans lesquels se succèdent différents formats, enchaînent ensuite les images en des cycles aux accents d'épopée lyrique. 

    Ces quatre dessins ne constituent pas une suite narrative, mais présentent des paysages visionnaires hantés par des figures hybrides, des forces telluriques ou apocalyptiques, sans pour autant renoncer à des touches d'humour tendre. Le premier d'entre eux, Celui qui a pour œil…, illustre une des incantations d'un texte védique (texte sacré de l'Inde pré-hindouiste, dont la tradition perdure), citant le tout puissant Brahman, origine de vie et conscience cosmique. Au premier plan, des bouillonnements informes s'accumulent en un magma verdâtre, d'où émergent des silhouettes tantôt végétales, tantôt animales; au centre, une zone lumineuse se développe autour d'un soleil irradiant, et deux yeux clairs surgissent d'une masse rose indéfinie, qui semble incarner la puissance génératrice, en constante expansion, dont parle le texte; à l'arrière plan, l'espace vide et noir reçoit le souffle divin, esquissé de quelques halos clairs nébuleux, tandis que l'incantation s'écrit en majuscules claires et rythmées. Représenter l'irreprésentable, l'informe prenant corps et vie, la conscience divine insufflant forme, âme et sens, voilà l'incroyable défi que relève, en toute simplicité, Vidya Gastaldon, d'une part avec sa science très élaborée du dessin, et d'autre part avec sa longue pratique des textes mystiques, du yoga et de la méditation. Son prénom lui-même signifie, en sanskrit, « celui qui recherche la lumière et la connaissance ». (ABLB-2011)

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