Détail de l'œuvre
  • John M Armleder (né en 1948, Genève (Suisse))
  • Sans titre (Furniture Sculpture)
  • 2007
  • formica, tubes fluorescents
  • 233.5 x 209 x 80 cm
  • n° inv. 02971 / A - H

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • John M Armleder, personnalité centrale de la scène artistique genevoise, œuvre volontairement dans le mélange des genres, la multiplicité de ses postures les rendant aussi peu enclines aux définitions qu'au définitif. Fin connaisseur de l'art du XXe siècle, il emprunte à ses grandes figures tout un répertoire de formes et de pratiques. Fondateur du groupe Ecart à Genève en 1969, avec Patrick Lucchini et Claude Rychner, il s'éloigne alors, dans la mouvance de Fluxus, des esthétiques traditionnelles au profit d'actions liées au hasard et au quotidien. Il s'engage ensuite dans la peinture en réalisant, au début des années 1980, des œuvres formalistes et Néo Géo, qui citent les avant-gardes historiques. Parallèlement, avec ses peintures de coulures, dans lesquelles il accueille les accidents de la matière, il démontre que pour lui il n'y a pas d'opposition entre les « styles ». En 1979, il réalise sa première Furniture Sculpture : il s'agit d'une gouache appliquée directement sur une chaise, avec un texte explicatif délibérément incompréhensible. Depuis lors, il peint sur ou avec des éléments de mobilier, qualifiant cette pratique de peinture d'ameublement pour signifier ironiquement le doute dans lequel il plonge le spectateur : est-ce l'œuvre qui décore ou le décor qui œuvre ? Les Furniture Sculpture manifestent bien la double volonté de John M Armleder de banalisation des œuvres par leur aspect décoratif et de prise de distance par la citation. Il parle lui-même de l'absence totale de message et de portée théorique de son travail, marquant ainsi son refus de tout discours critique explicite. De fait, il procède par allusion plus que par affirmation et, pour lui, la valeur d'une œuvre se situe dans sa prise en charge par le spectateur. Par la suite, il ira encore plus loin dans sa volonté de brouiller les pistes et de « dé-hiérarchiser », en utilisant l'exposition, dans sa globalité, comme medium. Le MAMCO, à Genève, en a présenté des exemples (en 1997 et plus largement en 2006), avec en particulier des peintures murales qui faisaient tapisseries et sur lesquelles les toiles accrochées n'apparaissaient plus que comme surcharges ornementales.

    La Furniture Sculpture du Fonds cantonal d'art contemporain montre bien comment, dans la pratique de John M Armleder, la dérision des matériaux déjoue les définitions de la peinture et de la sculpture autant que les règles de l'abstraction géométrique. Il s'agit ici de huit tables en formica comme on en trouvait dans les cuisines de nos grand-parents, de couleurs et de tailles différentes, éclairées à l'arrière par des tubes fluorescents. Dans cette grande composition, le détournement à la fois du langage formaliste et des meubles, accrochés verticalement contre le mur, produit l'hétérogène recherché par l'artiste : « Il n'y a pas d'écart entre l'art et tout autre objet, l'art n'est pas singulier, il ne sert absolument à rien, l'art est seulement inévitable ». (DD-2011)

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