Détail de l'œuvre
  • Nina Childress (née en 1961, Pasadena, Californie (Etats-Unis))
  • Triangle Runaways
  • 2022
  • technique mixte sur toile
  • 210 x 135 cm
  • n° inv. 03487

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Autodidacte – comme aime à se définir Nina Childress – elle est active dans un premier temps dans le champ de la culture alternative, celui de la musique punk, tout en intégrant parallèlement le collectif des Frères Ripoulin, dont l’activité relativement brève durera de 1984 à 1988. Dès lors, Childress se concentre sur sa propre pratique qui est celle de la peinture, puisant ses motifs dans la culture pop omniprésente – produit de la société des médias, qui s’intensifie encore dans les années 80-90. L’artiste, pour sa part, se laisse happer par l’univers de la télévision, portant un intérêt tout particulier à son imagerie. Ceci, non pas d’un point de vue critique, comme l’inscription de Childress dans la culture alternative pourrait le laisser croire, mais sous l’angle d’une fascination en forme de nostalgie, renvoyant à son enfance et à son adolescence. Ainsi, son univers pictural glamour se compose de portraits de célébrités de la musique et plus particulièrement de la variété française, de stars de l’histoire du cinéma européen et américain, ainsi que de scènes de films aux décors particulièrement présents. Dans un autre registre, sa peinture figurative reproduit également des images de mobilier design iconique ou de simple objets triviaux, vidés de toute figure humaine.
    Du point de vue du processus, l’artiste travaille par séries successives, sur la base de photographies qu’elle collecte dans la presse selon ses obsessions et qu’elle transpose ensuite en peinture. Mais contre toute attente, les sujets sélectionnés sont moins importants pour elle que l’acte de peindre lui-même. Ainsi, sa production picturale intense et soutenue revisite, en les juxtaposant, tous les styles, allant d’une forme d’hyperréalisme retranscrit librement, accompagné de couleurs flashy et de zones de flou, jusqu’à la « bad painting ».

    Les deux peintures acquises par le FCAC Runaways (2022/n° inv. 3486) et Triangle Runaways (2022/n° inv. 3487) forment un diptyque. La première peinture, figurative, reprend le célèbre poster annonçant la tournée live au Japon en 1977 des Runaways, premier groupe de rock féminin des années 70 à atteindre les sommets des charts. Le traitement pictural reprend fidèlement la photographie tout en traitant les détails, comme les yeux ou les cheveux, avec une liberté laissant place au tracé du dessin. Quant à Triangle Runaways, la peinture réinterprète cette même photographie dans un style abstrait très coloré – qui n’est pas sans évoquer la période surréaliste de Picasso – laissant apparaître quelques indices figuratifs de Runaways, tout en étant fidèle à la même gamme de couleurs vives.
    Ce principe du traitement en double d’une même image à l’aide de différents styles est une systématique de la production de Childress : il lui permet de poser la question de la représentation. Ainsi, sans qu’elle le théorise, son travail pictural s’inscrit pleinement dans les problématiques de l’art de son époque par la copie et la réappropriation, tout en étant le reflet de la culture visuelle des années 60 à nos jours (MD-2024).

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