Détail de l'œuvre
  • Vincent Kohler (né en 1977, Nyon (Suisse))
  • Billon
  • 2007
  • polystyrène, résine
  • 116 x 100 x 300 cm
  • n° inv. 03126

  • crédits photographiques: Geoffrey Cottenceau
  • Non seulement Kohler a des registres de prédilection, qui touchent au quotidien, au banal, au cinéma, à la musique, quelques fois aussi, plus rarement, à l'histoire de l'art, et qu'il mixe souvent, mais surtout il déplace toujours le curseur du côté de la culture populaire, tout en convoquant l'univers de l'enfance et du fantastique. Face à sa production, on hésite entre un goût prononcé de l'artiste pour le kitsch, l'ironie, et même le cynisme – après tout figures familières de l'art contemporain – et un regard tendre et empathique posé sur un environnement quotidien propre à se transfigurer en univers fantasmagorique. Néanmoins, les dimensions sculpturales données aux objets quotidiens et l'humour sont des permanences de son travail. Car tout est affaire d'échelle et de déplacement chez Kohler, et finalement le burlesque pourrait bien être le terrain de jeu privilégié de l'artiste, à l'image de Charlotte (2001), pièce emblématique – viatique d'une entrée remarquée dans le monde de l'art, acquise par le MAMCO – une figure animalière, transposition en grand d'une petite sculpture réalisée avec une pomme-de-terre et des cure-dents, sorte de mammifère à mille pattes doté d'ailes et affublée d'une gueule de dinosaure. La pièce Chuchichästli (2004), un vieux buffet en bois directement issu du mobilier traditionnel et rustique tel qu'on en trouve dans nos contrées de montagne est pour sa part doté d'une vie qui lui est propre. Ses portes et tiroirs s'ouvrent et se referment à tour de rôle brusquement avec fracas. Un objet inquiétant qui évoque l'univers du film d'horreur, tout en étant un clin d'œil à la passion de l'artiste pour la batterie. Car le fantastique exploré par Kohler renvoie aussi directement à l'univers des films de science-fiction et d'horreur, de série forcément Z (MD-2012).

    Vincent Kohler imagine ses œuvres en s'inspirant d'objets immédiatement reconnaissables, qu'il détourne par différents subterfuges. Ici, c'est de changement d'échelle dont il s'agit. Le tronc d'arbre, reproduit de manière hyperréaliste, est en effet agrandi juste ce qu'il faut pour le monumentaliser légèrement et ainsi l'extraire de son champ utilitaire. Par ailleurs, le léger espace ménagé entre les différentes parties et le débitage même du faux bois, différencié sur les quatre faces de la section cubique centrale, évoque l'art minimal et ses variations rythmiques basés sur de savants développements mathématiques. Mais d'autres éléments iconographiques nous ramènent à un univers plus narratif, comme l'espèce de banc qui sert de socle ou les bandes d'écorce qui semblent suspendues en lévitation. L'artiste croise ainsi une source issue de l'industrie du bois à une référence très sérieuse à l'histoire de l'art contemporain, en y ajoutant une touche de mystère. (DD-2022)

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