Détail de l'œuvre
  • Eduardo Arroyo (1937-2018)
  • L'enfant blessé
  • 1991
  • collage, aquatinte, eau-forte, pointe sèche sur papier à la cuve
  • 61 x 46 cm
  • édition limitée 13/50
  • n° inv. 01548 / 1 - 7 / 4

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Dans ses mémoires publiées en 2010, Eduardo Arroyo évoque sa jeunesse marquée par le franquisme : « Ma peinture et mon comportement ont été conditionnés par le fait que je suis né et que je me suis formé sous la dictature du général Franco. » Né à Madrid en 1937, il est le fils d’un pharmacien phalangiste. Après une école de journalisme et une pratique de la caricature de presse, à 20 ans, il décide de fuir le franquisme et s’installe à Paris. Il y croise les Républicains espagnols en exil et la jeune scène artistique contestataire.
    En 1963, il est remarqué pour sa série Les Quatre dictateurs. Mussolini, Hitler, Salazar et bien entendu Franco y sont représentés de manière grotesque et allégorique. Leurs entrailles béantes, leurs visages remplacés par les attributs de leur violence (un bombardement pour l’Espagne). En 1964, il rejoint le mouvement de la Figuration Narrative en participant à l’exposition Mythologies quotidiennes, au Musée d’art moderne de la ville de Paris. Il présente un an plus tard Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, polyptyque réalisé conjointement avec Gilles Aillaud et Antonio Recalcati.
    Acteur majeur de la contestation antifranquiste et banni d’Espagne, il tourne en dérision les « espagnolades » et les clichés sur la culture espagnole véhiculés par le régime. Il utilise les œuvres célèbres de Vélasquez, Dalí, ou Juan Miró pour produire des pastiches grinçants et ironiques.

    La boxe est un de ses thèmes de prédilection. Elle symbolise la lutte et la violence érigée en morale.Initié par son grand-père à Madrid, il fréquente le Palais des Sports dès son arrivée à Paris. Il aime l’ambiance des combats, la gouaille des spectateurs et la confrontation des publics venus de quartiers ou de milieux différents. 
    L’œuvre du FCAC s’inscrit dans le cadre de cette passion. Elle raconte l’histoire de Walter Blaser, boxeur bernois aux aptitudes exceptionnelles qui quitte sa condition ouvrière pour passer professionnel en 1968. Il se hissera jusqu’aux championnats d’Europe à Zurich en 1975 qu’il perd aux points face à son adversaire espagnol. La suite de sa vie est une lente descente aux enfers : perte de confiance, fin de carrière au goût d’échec, absence de projet… Sa vie familiale se dégrade également jusqu’au drame final où il poignarde son épouse et se suicide peu après.
    Les cinq lithographies appartiennent à un portfolio édité en 1991 par la galerie Anton Meier à Genève. L’ensemble comprend en outre un cahier avec un texte écrit par l’écrivain et réalisateur suisse Johannes Flütsch, et un étui de bois orné d’un dessin pyrogravé. Elles reprennent le style caractéristique de ses peintures en aplats de couleurs vives, inspirées par l’affiche et le collage, et dont le cadrage cinématographique renforce le côté narratif. Les portraits adoptent l’iconographie des cartes à jouer avec les attributs symboliques du destin fatal du personnage aux quatre angles. (EE-2022)

Media

Results:  0

No elements available!