Détail de l'œuvre
  • Nina Childress (née en 1961, Pasadena, Californie (Etats-Unis))
  • Sisi
  • 2009
  • huile sur toile
  • 300 x 200 cm
  • n° inv. 03055

  • crédits photographiques: Ilmari Kalkkinen
  • La peinture de Nina Childress a de quoi surprendre, par ses incessants déplacements (des sujets, des styles, des formats et des accrochages qui se font installations). L’artiste en effet n’en finit pas d’éprouver toutes les facettes de son medium, sans complexe ni tabou. De sa période punk, elle conserve le goût de ne pas « brosser dans le sens du poil » et de « gêner juste un peu, comme une étiquette d’habit dans le cou ».
    Elle côtoie la peinture depuis l’enfance, la figuration d’un côté et l’abstraction de l’autre formant deux héritages auxquels elle n’a pas renoncé dans son inépuisable mélange des styles. Formée à l’école des arts décoratifs de Paris, elle devient ensuite membre du groupe punk Lucrate Milk (dans lequel elle chante et joue de la guitare et du synthétiseur), puis elle fait partie de la bande des Frères Ripoulin, aux côtés entre autres de Claude Closky et de Pierre Huyghe. Et lorsque dans les années 1990, d’aucuns prophétisent la mort de la peinture, elle compte parmi les artistes qui prouvent que cette pratique a encore de beaux jours devant elle. Depuis 2004, elle peint en projetant sur la toile des images agrandies par épidiascope. Ses sources peuvent aussi bien être des clichés collectés dans des magazines populaires que des tirages photographiques. Dans un cas comme dans l’autre, Nina Childress se plaît à déjouer les poncifs, passant le « déjà vu » au crible d’un travail pictural qui prive l’image de toute forme d’évidence, par une mise en abîme de la représentation. Sa manière de peindre met elle aussi à mal les conventions, en se saisissant de traitements de provenance diverses, esthétiques artistiques, trames et éclairages photographiques ou effets numériques, comme le flou ou le relief 3D. 

    Après avoir travaillé par séries, sur la répétition d’un même motif, l’artiste s’est mise à développer des suites narratives. C’est ainsi que la Sisi acquise par le Fonds cantonal d’art contemporain fait partie de tout un ensemble autour de la princesse autrichienne. A son habitude, Nina Childress y décline une large gamme de styles picturaux : photoréalisme, flouté, bad painting, expressionnisme, kitsch, … La sculpture de marbre blanc, qui lui a servi de modèle, fait ici de Sissi une figure diaphane et désincarnée. De grand format, l’aspect très lisse de la peinture fige encore davantage la figure, dont le classicisme n’est qu’apparent : le traitement chromatique introduit des dissonances qui confèrent à l’image une étrange artificialité. Nina Childress avoue « En ce qui me concerne, je n’ai pas vocation à faire une peinture universelle, sublime, essentielle, intelligente, donc il ne me reste que la liberté de faire de dont j’ai envie ». Elle se plaît particulièrement à peindre ses tableaux par deux. Dans le cas présent, elle a détourné le motif de ce grand portrait faussement classique pour en faire un petit autoportrait de beaucoup moins bon goût, qu’elle a eu la générosité d’offrir au Fonds cantonal et qui semble si vite jeté sur la toile qu’il en dégouline sur le mur où il est accroché. (DD-2012)

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