Détail de l'œuvre
  • Balthasar Burkhard (1944 - 2010)
  • Le Buffle
  • 1997
  • photographie noir et blanc contrecollée sur aluminium
  • 240 x 298.5 cm
  • édition unique
  • n° inv. 02219 / A - C

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Photographe suisse de renommée internationale, Balthasar Burkhard a voyagé, photographié et exposé à travers le monde. De sa formation auprès de Kurt Blum, il retiendra le goût de la précision, de la sensualité et de la perfection technique des tirages noir-blanc. Il saura ensuite tirer parti de l'effervescence artistique autour d’Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne, puis à la Dokumenta de Kassel et à la Biennale de Venise, où se retrouvent les artistes minimalistes, conceptuels, tenants du land art ou de l’arte povera ; cet environnement favorise sans doute son approche intellectuelle et matérielle du médium, ses choix radicaux de cadrage, de format, son intérêt pour les séries, les polyptyques, leur encadrement et leur accrochage. Ses collaborations avec Markus Raetz et Niele Toroni, mais aussi avec les architectes du Groupe 5, affûteront son goût pour les grands formats, et pour leur confrontation avec l’espace architectural. Ses voyages aux Etats-Unis et au Japon complèteront sa maturation formelle. Qu’il aborde des fragments de corps en gros plan ou en format 1/1, des arbres, des plans d’eau, des vagues, des déserts, des glaciers ou des vues aériennes de mégalopoles, on reconnaît toujours sa précision analytique, la parfaite maîtrise de la composition, la beauté expressive de la lumière, la profondeur veloutée des noirs. Si l’artiste participe au tirage en chambre noire pour obtenir l’exactitude des contrastes recherchés, c’est pourtant au moment de la prise de vue que se joue l’essentiel, voire même bien avant. Car Burkhard dit ne pas vouloir se laisser surprendre par le réel, mais au contraire y chercher l’image préconçue qu’il s’est mentalement forgée. Ce volontarisme lui permet d’atteindre la perfection esthétique qu’il recherche, équilibrée, lyrique et souvent monumentale. 

    Le Buffle du Fonds cantonal fait partie d’une série élaborée à la fin des années 90, où, d’une ménagerie de cirque à l’autre, Burkhard entreprend d’en immortaliser les plus beaux spécimens. D’une image à l’autre (lion, zèbre, puma, chameau, cochon laineux, cheval frison…), on retrouve le même protocole de prise de vue : l’animal est photographié en entier, de profil, sur le terrain sablonneux typique des ménageries, devant une large bâche tendue ; le tirage noir-blanc présente l’animal en taille réelle. Le dispositif rappelle les campagnes des premiers photographes ambulants, proposant leurs services et leur décor au quidam impressionné, posture calibrée, temps de pose interminable. Ici, le projet paraît paradoxal, tant l’animal semble figé dans une pose artificielle, comme pour ressembler à l’image idéale, trop explicite, qu’on s’en ferait ; portraits mélancoliques d’une espèce en voie de disparition, vestiges d’une animalité trop maîtrisée, qui en perdant de sa sauvagerie, perdrait un peu de l’essence même de sa vie. La photographie elle-même s’y voit épinglée, dans ce qu’elle a d’artifice, dans son rapport complexe au temps et à la vie, dans son rêve impossible de dire et de conserver l’éphémère. (ABLB-2015)

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