Le travail de Vidya Gastaldon se décline en de multiples facettes, performances, vidéos, films d’animation, installations, peintures et dessins. L'artiste développe cette pratique pluridisciplinaire par le biais d’une expérience immédiate de la nature, révélant un univers enchanté, qui imprègne jusqu’aux objets de son quotidien, théières, horloges comtoises, que l’artiste habille de motifs bucoliques.
A ce monde simple et poétique, Vidya Gastaldon, qui enseigne par ailleurs le yoga, mêle des références aux religions orientales, et plus particulièrement à l’hindouisme. S’inspirant librement de textes sacrés, elle crée une atmosphère onirique et parfois psychédélique, teintée d’iconographie pop des années 70 et de culture hippie. Parfois, des éléments géométriques ponctuent les compositions de ses œuvres, comme des points d’ancrage concrets au sein d'un univers éthéré et fantasmagorique.
Dans une volonté de représenter un monde sensible, au-delà du matériel et du formel, l'artiste s’autorise des alliances entre paysages réalistes et cieux habités par des divinités, entre symbolisme et art minimaliste, où référence à l’histoire de l’art et art populaire, où art profane et art sacré, se répondent harmonieusement.
Si la pratique du dessin reste primordiale dans le travail de l’artiste, le médium de la peinture garde une place importante. Sur de grandes toiles aux motifs expressifs, l'artiste propose des surfaces davantage saturées, loin de la fluidité de ses aquarelles où se superposent les tons pastels. De même, les noirs, dilués et lumineux sur le papier, se font mats et profonds. Continuant de déployer un univers fantastique, l’artiste semble insuffler à ses toiles un pouvoir mystique, titrant certaines d’entre elles Healing paintings, sûre de la portée bienfaitrice de l’art.

L’œuvre Bleunoir (2019) est emblématique des toiles récentes de Vidya Gastaldon.
De grand format (180 x 250 cm), elle représente Krishna (huitième incarnation de Vishnou), l'une des principales divinités hindoues, l'une des plus vénérées. "Krishna" peut être traduit par sombre, bleu-noir en sanskrit, ce qui a donné le titre de l'œuvre.
Au centre du tableau, le personnage de Krishna flotte dans un ciel cosmique. Fidèle à l'iconographie hindouiste, il est allongé dans l’océan dit causal, à l’origine de la création matérielle, à la frontière entre les mondes spirituel et matériel.
On retrouve également d'autres éléments fréquemment attribués à la divinité, tels que la vache sacrée, la conque et la flûte enchanteresse. Dans la partie inférieure de la toile, apparaît également le serpent noir Kaliya, toxique et venimeux, qui avait empoisonné la rivière Yamunâ et qui, lors d'un duel, fut finalement maîtrisé par Krishna.
Le personnage de Krisna est magnifié dans un tourbillon cosmique au centre du tableau. Son aspect lumineux, coloré, vaporeux, contraste avec le fond sombre et dense.
Comme à son habitude, Vidya Gastaldon parsème la composition d'éléments géométriques mais aussi typographiques, renforçant le rendu magique et codifié du tableau. Telle une vision, la divinité nous apparaît grandiose et mystérieuse, nous invitant dans un monde fantastique. (SD-2022)