Détail de l'œuvre
  • Nicolas Cilins (né en 1985, Cannes (France))
  • Le Monde de Staline
  • 2012-2013
  • vidéo HD, couleur, son, 19'43'', loop et texte mural
  • édition limitée 2/3
  • n° inv. 03216 / A - B

  • crédits photographiques: l'artiste
  • En attendant les Barbares, une sculpture de 2012 réalisée à la suite d’une résidence à la cinémathèque de Tanger au Maroc, présentée dans plusieurs expositions depuis-là, pose quelques jalons du travail de Nicolas Cilins : la mise en évidence de problématiques sociales et de différences culturelles, de même qu’un intérêt pour la reconstitution et les mises en scène qui renvoient le spectateur à ses propres questionnements et regards stéréotypés, l’engagent à se positionner. En attendant les Barbares est une structure polygonale aux vitres réfléchissantes, qui s’inspire de nouvelles recherches sur la perception des images de la fin du XIXe siècle, à l’instar des prémices cinématographiques. Une étendue couleur sable et deux figurines miniatures créent la narration. Le titre provient d’un poème de Constantin Cavafy (Waiting for the Barbarians, 1904, titre repris par J. M. Coetzee pour son roman de 1980). Tout en jouant sur la notion de discernement - le reflet du spectateur se mélange avec la fiction et brouille l’image - l’œuvre thématise des notions (post)colonialistes et une certaine représentation de l’altérité. L’artiste s’est plus souvent exprimé par la vidéo, parfois comme médium témoin de formes performatives. Il organise ainsi une parade, toujours à Tanger, durant le Printemps arabe, avec des déguisements en papier mâché représentant des idoles phalliques conservées au musée du Quai Branly à Paris (Archéologies marocaines, 2011). Dans son film Gineva (2014), deux jeunes hommes d’origine roumaine rejouent, sur un fond bleu (en vue d'une possible incrustation d'images à leur insu?), des scènes de leur vie qui se mélangent avec la réalité du studio et la relation même avec l’artiste. Ainsi plutôt que de révéler les enjeux idéologiques des sujets abordés, l’artiste invite à questionner les moyens et la légitimité de les exposer. 

    Dans Le Monde de Staline, un essai vidéo documentaire datant de 2013, le contexte est lui-même une mise en scène : le parc de Grüto en Lituanie, créé en 2001 par un riche entrepreneur agricole, un mémorial contre la domination soviétique russe. Il présente une collection de statues à l'effigie de protagonistes du régime, déboulonnées lors de sa chute, des trains d'époque et autres tours de guet. Le film commence par un travelling sur les éléments du parc comme reconstitution historique, avec fond sonore de chant patriotique soviétique. La caméra saisit ensuite la célébration folklorique des cinq ans du parc comme un décor dans le décor, puis les touristes qui palpent les sculptures pour en vérifier l’authenticité et se photographient devant, une sorte de zoo humain suivi d’apparitions du propriétaire et d’une incursion dans le musée du parc. Un texte complétant l’installation vidéo explique l’emprise du territoire du parc sur plusieurs pays alentours, si son plan était reporté sur une mappemonde. Ainsi le film examine plusieurs facettes de la construction d’un dispositif qui sert à la monstration d’une Histoire, et ironise sur le fait que le parc devient à son tour un « petit empire de campagne ». (MEK-2017)

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