Œuvre produite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève, pour le programme MIRE. Diffusée sur les écrans des hauts d'ascenseurs en rotation dans les gares de Genève Eaux-Vives, Lancy Pont-Rouge et Lancy-Bachet d'août 2021 à juin 2022. 

Avec Tout ira bien, Pauline Julier réinvestit un message banal en jouant sur ses différents niveaux de lecture et sa présentation. À la fois tourné vers l’état intérieur et les situations extérieures, le mantra « tout ira bien » peut être vu ici comme un précepte à l’attention du voyageur. Pourtant, le statut de ce message est ambigu ; là où il peut rassurer, il montre aussi que rien n’est sûr et que l’avenir demeure instable. Ce sentiment d’incertitude est corroboré par les modalités de présentation de ce mantra. En effet, amenés dans une nuit citadine par un drone qui s’approche d’abord du spectateur, lui fait face quelques instants, puis recule pour dévoiler son message, les trois mots prennent presque une dimension d’avertissement, répétitif et traduit dans plusieurs langues. Le drone-messager crée un décalage entre le sens bienveillant des mots et l’aspect inhumain de l’appareil qui semble nous surveiller avec son œil-caméra. La ville qui se découpe dans la nuit, entourée de pins parasols et parsemée de de points lumineux dans le lointain, est distante et mystérieuse. Elle évoque un autre monde, peut-être un passé perdu ou un futur indéfini, ou alors une forme d’inconscient d’où seraient envoyés ces quelques mots.
Il est intéressant de relever que l’artiste a réalisé cette pièce dans les environs de Rome en février 2020, juste avant la pandémie de Covid-19. L’œuvre prend alors une dimension quasi prémonitoire dans la mesure où, durant le confinement, les Italiens ont utilisé cette même phrase, « tutto andrà bene », pour se donner du courage, en l’accrochant par exemple à leurs fenêtres. En somme, Tout ira bien est une œuvre polysémique qui offre au spectateur la possibilité de se l’approprier au moment où il la voit et de choisir la signification dont il souhaite l’investir.

With Tout ira bien, Pauline Julier reinvents a banal message by playing on its different levels of reading and presentation. The mantra "everything will be ok" can be seen here as a precept for the traveller, both in terms of the inner state and the outer situations. However, the status of this message is ambiguous; while it can reassure, it also shows that nothing is certain and that the future remains unstable. This feeling of uncertainty is corroborated by the way the mantra is presented. Indeed, brought to a city night by a drone that first approaches the viewer, faces him for a few moments, then moves back to reveal its message, the three words almost take on a warning dimension, repetitive and translated into several languages. The drone-messenger creates a discrepancy between the benevolent meaning of the words and the inhuman aspect of the device that seems to be watching us with its camera eye. The city that stands out in the night, surrounded by umbrella pines and dotted with luminous points in the distance, is distant and mysterious. It evokes another world, perhaps a lost past or an undefined future, or maybe a form of unconsciousness from which these few words are being sent.
It is interesting to note that the artist made this piece in the vicinity of Rome in February 2020, just before the Covid-19 pandemic. The work thus takes on an almost premonitory dimension insofar as, during the lockdown, the Italians used this same phrase, "andrà tutto bene", to encourage themselves, by hanging it on their windows for example. In short, Tout ira bien is a polysemous work that offers the possibility of appropriating it at the time of viewing and of choosing the meaning with which one wishes to invest it.