Détail de l'œuvre
  • Roger Ackling (1947-2014)
  • (s.t.)
  • Série Voewood
  • 2011-2012
  • bois brûlé par le soleil
  • env. 38 x 220 cm
  • n° inv. 03088 / 1 - 6

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Pour Roger Ackling, comme pour Richard Long et Hamish Fulton, formés à Londres dans les années 1960 et principaux acteurs du Land Art anglais, le travail de l’artiste doit sortir de l’atelier et se confronter directement à la nature, par un geste simple porteur de sens (marcher, choisir un point de vue, prélever des matériaux, témoigner d’une expérience temporelle intime…). Mais plutôt que de parcourir le monde à pied comme Long et Fulton, Ackling se tient à un processus inchangé depuis bientôt quarante ans : recueillir des bouts de bois trouvés lors de ses promenades, manches d’outils, bois flottés, fragments de meubles ou de cageots ; sur le support ainsi choisi, concentrer les rayons du soleil grâce à une petite loupe tenue à la main, pour brûler la surface et y inscrire patiemment des sillons noircis. Le morceau de bois, déjà habité de sa propre vie de rebut (surface polie et blanchie par les ans, clous tordus et rouillés, arêtes émoussées…), se pare alors d’un motif essentiel, réseau de lignes parallèles, croix, losange, qui habille et révèle la forme, et lui confère une nouvelle noblesse. Ackling explique : « Je travaille dehors par terre et sous le ciel. Dans ces moments solitaires, immobile avec un morceau de bois sur mes genoux, le monde visuel extérieur n’occupe plus mon esprit. Les pensées sont réduites au minimum, alors que prend place un engagement personnel à un inépuisable royaume intérieur de l’esprit humain. Je sais que ce qui est fait grâce à ce simple rituel de concentration se retrouve dans l’œuvre même. Cette présence peut être réabsorbée par l’œil et les sens. Un règne silencieux et non négociable de l’expérience humaine ; une vibration de la vie de l’âme. Comme beaucoup d’autres pendant des milliers d’années, je crois que la vision intérieure peut être perçue et ravivée au travers d’un dialogue pragmatique avec la matière. » Car le geste précis et patient de l’artiste, qui condense, dompte et dirige l’énergie solaire, et son extrême attention, toute méditative, transforment peu à peu le modeste fragment de bois en objet mystérieux, dont l’intense présence manifeste la lente et rituelle élaboration. Le spectateur y reconnaît confusément les traces du temps, de l’énergie, de la concentration et du silence, et reçoit ainsi en partage une expérience contemplative subtile, dense et apaisante. 

    Les six objets réunis sous le nom générique de Voewood, lieu de leur réalisation, sont de très petites dimensions, entre 3 et 25 cm de haut. Ackling en souligne les formes géométriques par l’inscription de lignes calcinées parallèles, qu’il interrompt très précisément pour dessiner en réserve claire un axe de symétrie qui accentue la verticalité, ou des bandes transversales qui scandent et mesurent le volume, faisant ainsi vibrer par contraste la surface creusée, texturée et noircie. Accrochées au mur ou posées sur de minuscules socles le long d’une ligne d’horizon marquée par une ficelle fixée au mur, les œuvres lilliputiennes semblent alors occuper un espace immense, tels des totems d’un culte obscur, dont l’ordre et le rythme chantent une étrange mélopée. (ABLB-2013)

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