Détail de l'œuvre
  • Alan Bogana (né en 1979, Faido (Suisse))
  • Case 11 - Flag of Convenience
  • Série Cave Caustics
  • 2014
  • vidéo, couleur, muet, 5'20'', loop
  • édition limitée 1/3
  • n° inv. 03265

  • crédits photographiques: l'artiste
  • Quoi de plus évident pour un artiste que de penser la lumière? Et comment braver les poncifs en l'explorant et en donnant une forme plastique aux recherches à son propos? Alan Bogana a choisi de concentrer son travail sur un ensemble de phénomènes lié à la lumière, à son comportement et à son incidence sur les matières, sur l'espace et sur le mouvement. Natif de Faido, village au cœur de la vallée de la Léventine, l'artiste fait ses études à la HEAD, Genève, et au ZHDK, Zurich, exposant activement depuis la fin des années 2000 en Suisse et à l'étranger – fréquemment en France et en Italie, mais aussi ailleurs. Il bénéficie de résidences faisant écho à ses intérêts, par exemple au CERN et dans des observatoires astronomiques au Chili. L'œuvre qu'Alan Bogana développe n'est pas tant l'approfondissement d'une technique en particulier que l'utilisation d'une multitude de disciplines dont l'artiste révèle la porosité par la réalisation d'installations protéiformes et d'objets-lisière. Objets-lisière parce que les œuvres font appel à la technologie et aux connaissances scientifiques de telle façon que le phénomène observé et l'outil d'observation sont les deux soumis à l'examen de l'artiste, qui questionne ainsi à la fois ce que et avec quoi on observe. Objets-lisière également parce que l'artiste y observe finement la manière dont les sciences infiltrent la pensée et dialoguent avec tous les domaines de la vie. 

    Flag of Convenience est une œuvre vidéo réalisée en images de synthèse, présentant par le biais des ondes lumineuses réfractées les formes d'un tissu fictionnel, mis en mouvement par un logiciel. Les regardeurs font face à une hypothétique expérience où l'artiste recueille et transmet les données des qualités réfractives d'une étamine translucide, mue par des vents inconnus. Nous sommes ici aussi à la frontière d'une situation se voulant réelle et objective (cette expérience pourra être répétée à l'envi et corroborer les propriétés réfractives de son objet) et d'une représentation fictive d'une matière imaginaire (une réalité subjective). Le titre de l'œuvre mérite réflexion: l'expression signifie pavillon de complaisance, c'est-à-dire le pavillon d'un navire immatriculé dans un pays différent de celui de ses propriétaires. Ce mode opératoire, souvent utilisé par des armateurs, permet de se soustraire à des contrôles, d'échapper à des normes et d'optimiser sa fiscalité. Dans Flag of Convenience, les possibilités de métamorphose du drapeau semblent infinies: projeté dans l'espace d'exposition, il est tour à tour liquide, solide, entier, en morceaux, et se transforme continuellement, en eau, en diamant, en feuille de plastique. La manipulation computationelle rend l'image inidentifiable, irretraçable, comme un bateau qui se dérobe aux radars. La source reste invisible, seule ce qu'elle réfracte est capté puis projeté sur le mur. L'artiste fictionnalise ainsi une fraction d'univers – avec tout ce qu'elle comporte comme causes, effets et conséquences – dans une narration qui pose tout simplement la question des traces que laisse le réel. (PK-2020)

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