Détail de l'œuvre
  • Vincent Kohler (né en 1977, Nyon (Suisse))
  • Parquet
  • 2003
  • peuplier contreplaqué laqué, moteur
  • Ø 260 x 40 cm
  • n° inv. 03125 / A - J

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Non seulement Kohler a des registres de prédilection, qui touchent au quotidien, au banal, au cinéma, à la musique, quelques fois aussi, plus rarement, à l'histoire de l'art, et qu'il mixe souvent, mais surtout il déplace toujours le curseur du côté de la culture populaire, tout en convoquant l'univers de l'enfance et du fantastique. Face à sa production, on hésite entre un goût prononcé de l'artiste pour le kitsch, l'ironie, et même le cynisme – après tout figures familières de l'art contemporain – et un regard tendre et empathique posé sur un environnement quotidien propre à se transfigurer en univers fantasmagorique. Néanmoins, les dimensions sculpturales données aux objets quotidiens et l'humour sont des permanences de son travail. Car tout est affaire d'échelle et de déplacement chez Kohler, et finalement le burlesque pourrait bien être le terrain de jeu privilégié de l'artiste, à l'image de Charlotte (2001), pièce emblématique – viatique d'une entrée remarquée dans le monde de l'art, acquise par le MAMCO – une figure animalière, transposition en grand d'une petite sculpture réalisée avec une pomme-de-terre et des cure-dents, sorte de mammifère à mille pattes doté d'ailes et affublée d'une gueule de dinosaure. La pièce Chuchichästli (2004), un vieux buffet en bois directement issu du mobilier traditionnel et rustique tel qu'on en trouve dans nos contrées de montagne est pour sa part doté d'une vie qui lui est propre. Ses portes et tiroirs s'ouvrent et se referment à tour de rôle brusquement avec fracas. Un objet inquiétant qui évoque l'univers du film d'horreur, tout en étant un clin d'œil à la passion de l'artiste pour la batterie. Car le fantastique exploré par Kohler renvoie aussi directement à l'univers des films de science-fiction et d'horreur, de série forcément Z (MD-2012).

    Dans Parquet, comme fréquemment dans la production de Vincent Kohler, un objet de notre quotidien est privé de sa fonction et transformé par l'introduction du mouvement. Ici, les lattes du parquet se soulèvent les unes à la suite des autres, ce qui les détourne de leur banalité et leur confère une dimension fantastique, suggérant au spectateur un décor d'histoire surnaturelle à inventer, un socle donc pour son imaginaire.
    La vision de ce sol animé s'accompagne du son mécanique du moteur et de celui des lattes lentement soulevées et brusquement relâchées, rappelant l'intérêt de l'artiste, batteur dans un groupe de rock, pour le rythme, l'irrégularité du claquement des lattes se superposant ici à la base régulière du moteur. (DD-2022)

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