Détail de l'œuvre
  • Laurence Bonvin (née en 1967, Sierre (Suisse))
  • On the Edges of Paradise
  • 2005-2006
  • photographie couleur, tirage Lambda C-Print
  • 56.5 x 68 cm
  • édition limitée 1/5
  • n° inv. 03000 / A - J / H

  • crédits photographiques: Laurence Bonvin
  • Laurence Bonvin est une artiste engagée qui a pour principal outil de travail la photographie de paysage. Loin de tout romantisme, ancrée sur le terrain du réalisme, elle photographie la banlieue, symptôme planétaire du développement chaotique de la ville contemporaine. Mais plutôt que de dénoncer ses corollaires sociaux et politiques - une architecture sans qualité accueillant une population déclassée - Bonvin nous montre la banlieue dans ce qu’elle a d’indéterminé, de désincarné, en photographiant ses confins et les discontinuités de l’urbanisation progressant sur une campagne dénaturée.
    Inscrites clairement sur le terrain du documentaire, réalisées sous une forme parfois proche du reportage, les photographies de Bonvin sont peu bavardes. Distancées, le plus souvent dépourvues de sujet, indéterminées parfois jusqu’à l’insignifiance, elles sont de la même constitution que les paysages qu’elles documentent. C’est leur force programmatique qui fait leur qualité artistique. Apparemment composites et ouvertes à l’interprétation, les photographies de l’artiste n’en sont pas moins très soigneusement construites sur le plan formel. L’apparition ponctuelle de figures dans le paysage, ignorant la présence de la photographe, comme absentes, confère de plus aux images une étrangeté de l’ordre de la mise en scène. Articulées en série pour l’édition ou l’exposition, les images de Bonvin élaborent un langage complexe qui dépeint un monde désenchanté, hésitant entre déshérence et devenir. 

    Cette série de 10 photographies, tirée d’une série plus large du même titre, documente le phénomène des « gated communities » de la banlieue d’Istanbul. Importé des Etats-Unis et aujourd’hui globalisé, présent en périphérie de toutes les grandes métropoles, ces résidences sont vendues comme des lieux idylliques offrant tous les services attendus. Les images de Bonvin font, elles, le constat d’espaces clos sécurisés, au mode de vie normé et à l’architecture standardisée, où la mixité sociale n’a pas sa place. L’individu lui-même semble comme le figurant d’un film dans ce décor aseptisé et artificiel. La présence incongrue et révélatrice d’un coucou suisse dans un de ces intérieurs stambouliotes nous laisse deviner à quel idéal aspirent les habitants - ordre, propreté, sécurité, richesse - très loin de la réalité grouillante et pluriethnique de la ville d’Istanbul. (MD-2010)

Media

Results:  0

No elements available!