Détail de l'œuvre
  • Vanessa Billy (née en 1978, Genève (Suisse))
  • Refresh, Refresh (Lemons the Size of Melons)
  • 2013
  • aluminium
  • chaque élément env. Ø 16.8 x 13 cm
  • édition limitée 2/3
  • n° inv. 03293 / A - B

  • crédits photographiques: Alexander Hana
  • Dans une interview de 2010, Vanessa Billy disait que le travail artistique lui permettait de penser par les choses (think through things). C'est une excellente introduction à son travail, à la fois poétique et métaphorique, qui s'élabore à partir de la réalité physique des éléments qu'elle utilise. En effet, quelle que soit la technique qu'elle emploie, collage, assemblage, installation, moulage, verre soufflé, ou encore photographie ou vidéo, le processus trouve son point de départ dans les matériaux, naturels ou artificiels, qu'elle se laisse la liberté d'associer à des objets, industriels ou domestiques, récupérés. Sa collecte de matières et d'objets se fait de manière intuitive. Il lui importe d'être attentive à la spécificité des matériaux et d'en tirer des leçons, pour déjouer ses connaissances et appréhender ainsi sa pratique de manière plus immédiate et expérimentale. Cela lui permet de lier les aspects sensuels et conceptuels de son approche. Car si elle explore la potentialité des matériaux, ce n’est pas pour élaborer des formes qui en respecteraient les qualités physiques intrinsèques, comme les constructivistes dans la lignée de Vladimir Tatline, mais pour les mettre en relation et créer ainsi des circulations d’énergie et de sens. Chez elle, les associations matérielles n’ont rien de formaliste ; elles conduisent à des constructions mentales. La confrontation entre des matières naturelles et d’autres artificielles, entre l’organique et le synthétique, évoque notre impact sur l’environnement. L’œuvre de Vanessa Billy fait en effet écho aux inquiétudes environnementales de notre époque sur l'utilisation des ressources et la gestion des déchets, mais en évitant subtilement l’écueil des poncifs et des évidences. "Je n'ai pas de message en soi et je ne veux pas faire de l'art didactique, plutôt donner un sens accru aux choses avec lesquelles nous vivons, dans le monde que nous avons créé pour nous-mêmes." Bien qu'au centre de son travail, l'humain n'a été longtemps qu'une présence suggérée et souvent fragmentaire. Il a fallu du temps pour des corps apparaissent vraiment. Quant aux titres, ils jouent un rôle important dans la démarche de l’artiste, rendant compte à la fois de sa subjectivité et de son intention, sans pour autant restreindre la liberté d’interprétation du spectateur : " J’adore les titres et ce qu’ils savent faire : c’est une manière d’aborder une œuvre, de réorienter un objet ; il peut fournir un indice, un angle, un crochet. Les mots peuvent atteindre des endroits inaccessibles aux objets, et vice versa. Ils se complètent." 

    Refresh, Refresh (Lemons the Size of Melons), de 2013, illustre bien l’écart entre l’économie de moyen et l’amplitude de sens caractéristique du travail de Vanessa Billy. Le citron, puisque c’est ce fruit qui a été moulé, est en effet rafraichissant, comme le dit le titre. L’artiste a été attentive à sa peau, qui ressemble à la nôtre. Surdimensionné, coupé en deux et fixé à la verticale directement sur le mur, il évoque immédiatement deux seins, qui nourrissent l’enfant, qui lui-même rafraichit le cycle de la vie. Cette mutation du végétal en humain évoque l’impermanence de tout le vivant. (DD-2020)

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