Détail de l'œuvre
  • Chloé Delarue (née en 1986, Le Chesnay (France))
  • TAFAA - PIMP MY BREATH AWAY
  • 2021
  • insectes, étain, résine, plexiglas, aluminium, néon, câbles, transformateur
  • 120 x 24 x 14 cm
  • n° inv. 03432

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Depuis son Master à la HEAD – Genève (2014), Chloé Delarue crée un ensemble d’œuvres qu’elle regroupe sous l’appellation TAFAA, un acronyme à la sonorité étrange et douce, dont la version complète, Toward a Fully Automated Appearance, a de multiples références, dont celle des marchés boursiers et de leur automatisation. La plasticienne développe une œuvre fascinante et énigmatique, en perpétuelle construction, qui fait la part belle à la combinaison et recombinaison de divers éléments. Elle s’approprie différentes facettes du monde réel, sans hiérarchie, proposant de la sorte un système syncrétique, qui se rapporte aussi bien aux émotions qu’aux objets tangibles, aux comportements humains qu’aux processus techniques. Les matériaux utilisés sont également hétéroclites, allant de vestiges d’équipements techniques et industriels à des matières organiques, dont le latex que l’artiste affectionne particulièrement. TAFAA prend corps dans des environnements qui offrent aux visiteur-trice-s des expériences sensorielles immersives, produites par la luminosité particulière des installations elles-mêmes (dont des néons, tubes fluorescents ou lampes au sodium) et les odeurs et sons qui en émanent ; un plongeon dans un futur qui paraît déjà vieilli. L’œuvre de Delarue a récemment reçu de nombreuses récompenses, dont le prix Simétria (résidence au CERN à Genève et à l’Observatoire européen austral au Chili) et le Pax Art Awards 2021. 

    Accrochée perpendiculairement au mur, comme une enseigne lumineuse destinée aux passants, TAFAA – PIMP MY BREATH AWAY laisse entrevoir, sous la lumière rose bonbon du plexiglas qui recouvre sa surface, un néon traçant un signe blanc dans l’espace ; sa forme ambiguë rappelle un champignon, parmi d’autres signifiants potentiels. Si le cadre en aluminium, les câbles et la partie volontairement apparente du dispositif technique ont un rendu métallique qui semble autant obsolescent que tout droit sorti d’un univers de science-fiction, les petites sculptures accrochées sur sa structure rectangulaire sont de l’ordre de l’organique. Au premier coup d’œil, elles évoquent des objets informes, puis leur origine se dévoile peu à peu : il s’agit de moulages de gencives et de dents, des fragments de dentiers qui ont gardé toute l’irrégularité du vivant, dans lesquels ont en outre été insérés de petits animaux aux couleurs chatoyantes. Le décalage entre ces implants chromés sertis d’insectes, à l’aspect quelque peu repoussant, et leur utilisation ornementale, tels des bijoux précieux disposés avec soin dans une vitrine, suscitent chez les spectateur-trice-s des sensations contradictoires qui oscillent entre fascination et répulsion. S’il ne s’agit pas de « couper le souffle » mais bien de le « pimper », la référence à la chanson phare du film Top Gun ne semble pas loin (Take my breath away, interprétée par le groupe Berlin), de même qu’un écho à une réalité décalée, où l’expérience du vivant et la complexité de son apparence s’entremêlent à une forme d’environnement sensoriel dystopique. (NM-2022)

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