Détail de l'œuvre
  • Emilie Ding (née en 1981, Fribourg (Suisse))
  • Archetype III
  • 2013
  • technique mixte sur ciment
  • 180 x 120 cm
  • n° inv. 03108

  • crédits photographiques: Rebecca Fanuele
  • Que ce soit dans le domaine de la sculpture ou dans celui du dessin, Emilie Ding travaille à partir d'une géométrie simple, dérivée d'éléments d'ingénierie – des dispositifs de soutènement notamment – ou de fragments d'architecture moderne, qui fait référence aux formes du minimalisme. Dans l'espace comme sur le plan, elle joue sur les sensations visuelles et physiques générées par ses grandes compositions. Ses sculptures reportent les jeux de force et la dimension technique de la construction dans les espaces d’exposition, avec des titres littéraux, indiquant fonction et matériaux. Leur installation dans des lieux d'art n’opère pas de déplacement contextuel ou symbolique. Parallèlement, son œuvre graphique s'est d'abord appuyée sur un principe de grille élémentaire, mais qui n'a jamais été utilisé de manière complètement rationnelle, ni statique. En effet, les trames de ses dessins se déforment et s’étirent jusqu’à provoquer un certain vertige. Dans ces brouillages optiques, il devient difficile de distinguer les espaces vides des pleins, le degré des angles ou l’espacement des lignes de fuite.
    Dans ses œuvres plus récentes, elle a changé d'échelle et de technique, ajoutant de l'huile au graphite. Il n’y a plus alors de trame, mais comme des détails agrandis et isolés. Les cadrages se resserrent, entrainant une simplification et un centrage des formes. Le fourmillement initial se déplace alors de la feuille au mur, par la pratique de la série. 

    Plus récemment encore, l’artiste s'est mise à tracer sur des plaques de ciment des motifs issus du design ou du graphisme, deux champs de création eux-mêmes influencés par l'esthétique du minimalisme. Émilie Ding explique : « J’aime par principe l’idée de morcellement. Mes références sont très variées. Bien sûr, mon regard se porte sur des œuvres et des objets qui s’inscrivent dans des champs dont il ne fait aucun doute qu’ils soient poreux. De ces éléments sources, je fais une sorte de catalogue de fragments des formes de l’utopie. » Outre la porosité de ses sources, ce sont aussi ses pratiques du dessin et de la sculpture qui rendent les catégories perméables, par des va-et-vient incessants entre la bi et la tri-dimension. Ici le rapport entre les deux devient carrément inhérent aux œuvres, puisqu'elles sont constituées de formes simples dessinées sur des plaques de ciment et qu'elles sont posées à même le sol avec un léger décalage du mur, ce qui leur confère une plus forte présence physique dans l’espace que si elles étaient tracées sur papier et plaquées aux parois. Ces hybridations, de même que le titre d'Archétype, choisi pour cette nouvelle série, évoquent la dissolution du modernisme. Que reste-t-il en effet des types idéaux, quand tout est brassé et que les modèles ne sont plus que des avatars d'avatars? (DD-2014)

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