Détail de l'œuvre
  • Christian Gonzenbach (né en 1975, Genève (Suisse))
  • Le meilleur ami de l'Homme
  • 2009
  • chien taxidermisé
  • 81 x 39 x 81 cm
  • n° inv. 03017

  • crédits photographiques: Olivier Pascqual
  • En prenant ses sujets à rebours, en se plaisant à les définir en creux, Christian Gonzenbach surprend le spectateur par la sensation de familiarité qui émane de ses œuvres, troublante car à peine perçue que sitôt contredite par des déplacements d'ordres divers : matériaux, échelles, inversions. Le vivant, dans tous ses états, polarise sa démarche, tant et si bien que l'on ne saurait s'étonner d'apprendre qu'il a commencé des études universitaires en biologie avant de s'orienter vers sa formation artistique. De son intérêt pour la biologie, il a gardé un goût prononcé pour l'expérimentation, dans le sens scientifique du terme : tester, par des expériences répétées, la validité des hypothèses. Ce qui revient de manière récurrente dans ses recherches, c'est le court-circuitage des limites, l'un devenant fréquemment l'autre. Quelques exemples : le squelette n'est pas pour lui symbole de mort, mais structure de vie ; quand il construit un crâne en coquille d'œuf, l'avant et l'après se rejoignent. Il manifeste aussi une inclination particulière à brouiller la relation entre la surface et la profondeur, l'apparence et l'essence : dans un film d'animation, il faisait s'échanger leur peau entre une belette et une poule ; dans Bottes de 2008, appartenant au Fonds cantonal d'art contemporain (n° inv. 3018), il façonne des bottes en peau d'autruche tannée et cirée en forme de… pattes ce même oiseau. Christian Gonzenbach ne revisite pas seulement les arcanes de la biologie, il s'empare également de genres de l'histoire de l'art, pour en créer de nouveaux, décalés. Lorsqu'il fait des vidéos de natures mortes, il insuffle vie aux images des objets et il déjoue leur appellation anglaise, transformant Still Live en Still alive. Dans une série plus récente, il s'empare de bustes traditionnels, dont il prend l'empreinte en moule souple, qu'il retourne et utilise ainsi pour donner forme à de nouveaux portraits aux volumes inversés, les reliefs saillants devenant des creux ; il fait de cette façon de Laocoon, personnage ô combien emblématique de la sculpture classique, un Noocoal informe ou de l'Hercule Farnèse un Elucreh Esenraf inquiétant. 

    Cette résistance à l'évidence se manifeste de manière angoissante dans Le meilleur ami de l'homme, de 2009. Qu'a subi ce chien, à l'expression terriblement humaine, pour se figer ainsi dans cette couleur rose ? Il a été taxidermisé à l'envers. Encore un renversement, de l'intérieur à l'extérieur ; du saint-Bernard d'origine, il en prendrait presque l'allure d'un braque, perdant au passage sa puissance pour devenir chétif. Christian Gonzenbach explique : « C'est ma problématique d'artiste, comment inverser les choses, montrer l'envers afin de mieux comprendre l'endroit. Dans mon travail, j'essaie d'être proche de la réalité et de ne changer que l'essentiel afin de révéler un nouveau point de vue. Ouvrir des portes dans la surface du monde pour en explorer l'envers. » Face à son travail, on croit connaître, mais on ne reconnaît plus, car même l'ordinaire, pris à revers, bascule dans l'incertain. (DD-2011)

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