Détail de l'œuvre
  • Philippe Decrauzat (né en 1974, Lausanne (Suisse) (Suisse))
  • Sans titre
  • 2007
  • acrylique sur toile
  • 141 x 141 cm
  • n° inv. 03099

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Abstrait, le travail de Philippe Decrauzat l'est dans sa réappropriation du vocabulaire formel de l'abstraction. On le voit aussi bien dans ses tableaux que dans ses peintures murales ou au sol, ses dessins, ses shaped canvas (toiles mises en forme), ses sculptures, ses installations et même ses films. "Je suis intéressé par cette relation directe que l'art optique instaure avec le spectateur, par la façon dont il conditionne le regard.", confie-t-il. Mais il s’empresse de préciser : "Bien plus que tributaire de l'art optique, je suis avant tout redevable de pratiques qui interrogent le statut de l'image, c'est-à-dire des outils mis en place par l'art conceptuel et le Pop Art." De l’art conceptuel en effet, il retient la posture critique et réflexive, lui qui enrichit ses références à l’histoire de l’art par la lecture de penseurs et de chercheurs, scientifiques, écrivains ou artistes, dont les textes nourrissent ses expérimentations visuelles. Quant au pop art, il s’y réfère pour son ancrage dans la culture du quotidien. Car Philippe Decrauzat s'oppose à la position idéaliste des pionniers de l’art abstrait, qui revendiquaient leurs formes pures comme constitutives d'un monde en soi. A rebours, il s'emploie à reconnecter l'abstraction avec notre réalité, en puisant ses sources dans d'autres champs que ceux de la peinture et de la sculpture : design graphique, architecture, cinéma, musique et littérature. Si sa démarche renoue ainsi avec le réel, c’est pour produire de nouvelles images qui ne découlent pas de son observation directe, mais des expériences physiologiques et perceptives à travers lesquelles nous l'appréhendons. Ce qui l'intéresse en effet, c'est la question de la perception. Il se passionne pour les phénomènes optiques, comme par exemple celui de la persistance rétinienne ou ceux des images stroboscopiques, générées par l’observation d’une pulsation lumineuse, produisant des formes à la fois réelles et abstraites, telles que chevrons, méandres ou nids d’abeilles. 

    La peinture Sans titre, 2007 montre bien que, chez Philippe Decrauzat, l’agencement des formes renvoie à la question centrale de la vision, en tant qu’expérience à la fois physique et psychique. Physique, parce que les compositions déstabilisent notre perception de l’espace, les motifs et la découpe de la toile la faisant s'incurver et se dilater, dans un va et vient incessant entre le plan et la profondeur, perturbant l’équilibre jusqu’au vertige du trou noir central. Psychique, car les formes ondulatoires des extrémités produisent une vibration optique qui provoque une attraction hypnotique. (DD-2014)

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