Le travail de Sonia Kacem s'ancre dans une démarche plurielle, qui englobe autant des préoccupations formelles que sociales et matérielles. Diplômée d'un Master en arts visuels de la HEAD – Genève en 2011, Sonia Kacem s'est rapidement créé une place dans l'univers artistique national et international. En effet, elle compte à son actif un certain nombre d'expositions personnelles présentées dans des institutions culturelles de premier ordre. De plus, l'artiste a pu prendre part à un large nombre d'expositions collectives organisées principalement en Europe occidentale. 
Sonia Kacem compose et crée des espaces abstraits et chromatiques. Cherchant un moyen de créer du volume à partir d'une surface bidimensionnelle, Kacem expérimente à l'aide de diverses matières, comme le tissu, le vinyle, le métal ou le bois. Le mouvement de ses sculptures semble arrêté par le geste de l'artiste, un élan immobilisé dans un espace donné. Le geste sculptural habite le lieu d'exposition, l'entrave et le diminue parfois. La matière semble se déployer librement, sans tenir compte de l'usage et de la fonctionnalité du lieu. Ces sculptures, anthropomorphiques de par leurs titres, déterminent un espace scénique, créant ainsi une narration théâtrale. L'interaction des formes abstraites et de la couleur est au centre du travail de Sonia Kacem. L'artiste, sensible à la question du réemploi, construit ses sculptures de grande échelle principalement à l'aide de matériaux usagés, recyclés, qu'elle réinterprète continuellement en leur apportant une dimension plastique et picturale. L'univers domestique est également une source d'inspiration dans laquelle Kacem puise un bon nombre de formes. L'abstraction des formes sculpturales ou picturales de son travail rend l'accès à ses influences hermétiques ; seule leur évocation est perceptible. L'artiste explore actuellement des formats de dimensions réduites et des techniques de multiplication telle la sérigraphie. 

La série Carcasse (dont font partie les prototypes Saumon et Lavande) a initialement vu le jour dans le cadre d'une exposition consacrée au travail de l'artiste au Centre d'Art Contemporain de Genève, en 2016. Night Shift posait la base narrative et formelle des carcasses : l'artiste introduit dès ce moment des structures rigides, dépourvues de peau et qui suggèrent l'objet domestique. C'est dans la galerie Gregor Steiger à Zurich que Sonia Kacem reprendra ce motif afin de lui donner une place de premier ordre. Composées de profils métalliques fins et peints, de MDF et de vinyle, ces ossatures renvoient à des objets tels que : cage d'animaux, structure d'abat-jour, berceaux, etc. Faisant également écho aux robes à crinoline, les carcasses questionnent notamment les comportements sociaux normatifs qui tendent à astreindre les corps féminins. Ces carcasses à échelle humaine envahissent l'espace et s'imposent par leurs couleurs ludiques et parfois charnelles. (RV-2024)