Détail de l'œuvre
  • Eric Hattan (né en 1955, Wettingen (Suisse))
  • Sans titre
  • Sous-titre Majo; Home (Thorshöfn); Hommage to Hammons (merda d'artista)
  • 2003-2004
  • installation vidéo
  • dimensions variables
  • n° inv. 02977 / 1 - 3

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • Si quelques œuvres d’Eric Hattan sont parfois aussi immatérielles qu’une odeur, la plupart sont le fruit d’un assemblage improbable d’éléments préexistants récupérés, vêtements, chaussures, bols, chaises, chargés d’une histoire humaine et relationnelle, dont il se saisit souvent avec humour. Il s’en sert pour révéler des situations spatiales, comme les diverses fonctions d’un lieu, l’accueil, les passages, l’éclairage, l’ouverture sur l’extérieur. Loin des savoir-faire artistiques traditionnels, il intervient par des opérations à la fois simples et déconcertantes, dont on peut lire la trace : obstruction, déplacement, mise en équilibre instable, renversement, suspension, détournement du quotidien, parfois aussi par soustraction, évidement, et toujours avec un sens de l’entre-deux, de l’interstice, de l’éphémère, du précaire. L’artiste intervient quelques fois en extérieur, au bord d’une place, sur un talus, ou dans la rue elle-même, dont il s’inspire volontiers : « Parfois, en regardant des situations de rue, je m'interroge : que faut-il encore ajouter, tout est déjà là. Il faut juste porter attention à ce qui existe. (..) Les gens font des choses sans se rendre compte, (…) ils agissent avec légèreté. Et c'est cette légèreté qui me touche et que j'ai envie d'avoir dans mes travaux. » Cette approche souriante et décalée de l’espace public lui a notamment valu d’être choisi dans le cadre d’art&tram à Genève, où il propose, dès l’automne 2014, une série de lampadaires ivres et déjantés. 

    Après avoir utilisé la vidéo pour documenter ses transformations architecturales et ses sculptures performatives, Hattan s’en sert pour donner à voir les micro-événements qu’il découvre en milieu urbain ; les héros en sont des objets anodins qui semblent s’animer d’une vie propre : un sac en plastique pris dans le vent, un papier flottant dans le caniveau… Les moniteurs disposés en quinconce prennent l’apparence d’un chaos aléatoire, rejouant ainsi les juxtapositions fortuites qu’offre le quotidien. Dans l’ensemble des trois pièces acquises par le Fonds cantonal d’art contemporain, les vidéos sont mises en scène dans des dispositifs qui évoquent des caisses de transport béantes, posées sur des tréteaux. Pas d’unité de sujet, de format, de matériau ni de couleur, mais au contraire un intérêt pour la diversité, le désordre, le provisoire et l’expansion spatiale. Les vidéos retracent des rencontres dérisoires, sans discours ni pathos : une déambulation dans une maison délabrée, portant encore les traces tangibles de ses occupants ; un hameau abandonné, quelques névés, une carcasse de voiture, une grange, des herbes sèches ; le parcours rebondissant d’une boîte en fer blanc, menée par quelques coups de pieds joueurs… Elles reflètent l’approche toujours ouverte, attentive et poétique de l’artiste, ce qu’il appelle « une disponibilité du regard et de l’esprit », qui réenchante le monde et réveille notre propre regard. (ABLB-2014)

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