Détail de l'œuvre
  • Francis Baudevin (né en 1964, Bulle (Suisse))
  • Frietta
  • 1995
  • acrylique sur toile
  • 100 x 179 cm
  • n° inv. 02847

  • crédits photographiques: Serge Fruehauf
  • L'art a toujours été pour la publicité, le design ou la mode une source dans laquelle puiser. La démarche de Francis Baudevin met en place le mouvement exactement inverse. Très vite, dès 1987 au tout début de son parcours, Baudevin expérimente les différents paramètres d'une pratique artistique qui s'établira dans la durée. Très classiquement, il choisit d'être peintre, de situer son travail dans l'abstraction géométrique et de produire ses peintures sur le mode de la série. Il décide également d'une méthode appliquée systématiquement : la reprise de motifs géométriques empruntés aux logos et packagings de produits commerciaux, gommés de toute trace typographique et reproduits dix fois plus grand que l'original, alors que formes et couleurs sont exactement respectées. Les titres des œuvres reprennent simplement les noms des produits sélectionnés, donnant tout à la fois lisibilité et transparence au processus de travail. Si la peinture de Baudevin semble comme désincarnée – une abstraction géométrique froide et impersonnelle de facture anonyme – le protocole de travail arrêté repose néanmoins sur le choix précis et mûrement réfléchi d'un motif géométrique en rapport avec ses couleurs. Partant d'une observation et d'une connaissance attentives de la communication visuelle qui l'entoure, il sélectionne les packagings de produits largement diffusés, issus de l'économie du pays où il vit, la Suisse, tels la pharmaceutique ou l'industrie du chocolat, ou encore en fonction d'une attache plus personnelle avec le produit, comme les labels de musique indépendants. Relevant d'une démarche appropriationniste, appartenant à la tendance Néo Géo ou Néo Pop, la production de Baudevin reflète la situation de l'abstraction géométrique à la fin des années 1980, qui tout en ayant épuisé ses ressources formelles, a pris acte aussi bien de la clôture définitive du projet moderne que de la contamination par le pop art – puisant dans une culture populaire marquée par la société de consommation – d'une grande partie du champ artistique. Une abstraction géométrique qui chez Baudevin trouve à se régénérer entre autres au contact du graphisme suisse, dont la tradition s'est notamment construite sous l'influence de l'art concret zurichois. Un mouvement de va et vient attestant de la fécondité de la circulation des formes entre high et low culture, et dont l'abstraction géométrique dès les années 1970 sort revivifiée. (MD-2015)

    Frietta et Bona Splitter sont deux tableaux de mêmes dimensions dont le motif reprend le packaging de tablettes de chocolat homonymes. Grands classiques des magasins Migros et de leur marque de chocolats Frey, le design de ces tablettes repris par Baudevin correspond à celui utilisé dans les années 1980. Le motif simple, solide, la combinaison de couleurs analogues et la nature géométrique franche des éléments formels du papier d'emballage en fait d'excellents candidats à l'œil aux aguets de l'artiste. Ainsi transposé sur toile, il devient en quelque sorte une abstraction musicale, comme une notation contemporaine en attente d'être mise en sons. (PK-2023)

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