Détail de l'œuvre
  • Joëlle Flumet (née en 1971, Genève (Suisse))
  • Sans titre
  • Série Mobilier
  • 2003-2004
  • impression jet d'encre ultrachrome
  • 70 x 100 cm
  • édition limitée 2/3
  • n° inv. 02905 / 1 - 9 / 1

  • crédits photographiques: l'artiste
  • De la Fontaine Feng-Shui (2011), bricolée à partir de lavabos Ikea, aux bouteilles en pet vides de l’impression sur PVC Kristall (2020), les objets et leurs usages jouent un rôle central dans l’œuvre de Joëlle Flumet. Présents dans tous les médiums qu’elle pratique – dessin, installation, vidéo et sculpture –, les objets convoqués dans son travail construisent des mondes aussi familiers qu’étranges, qu’ils proviennent de la sphère domestique, professionnelle ou ludique. L’ironie et le détournement sont pléthore dans les mises en scène élaborées par l’artiste genevoise, établie à Zurich depuis 2012 : en s’inspirant d’images de la culture populaire, notamment grâce à la réappropriation, puis à la combinaison, de photographies issues de magazines ou de modes d’emploi, Joëlle Flumet recrée des espaces, souvent des intérieurs, qui questionnent nos modes de vie occidentaux. Le dessin vectoriel dont elle use fréquemment ajoute une tension supplémentaire à ses œuvres : la perfection des aplats colorés leur donne une tonalité objective, alors que les actions qui s’y déroulent sont fantaisistes ou absurdes. L’une des œuvres de la série Wasteland (2010) montre ainsi deux hommes, que l’on imagine volontiers travailler pour une multinationale, en train de jouer à la pétanque dans un jardin zen. Le recourt au digital permet également à la plasticienne d’ancrer sa pratique dans des préoccupations contemporaines et politiques. Résolument féministe, avec Georgia O’Keeffe, Louise Bourgeois et Niki de Saint Phalle comme protagonistes, son Balcon (2019) détourne par exemple la toile du même titre d’Edouard Manet (1869). Produite pour les écrans du Parlement suisse, la série de 12 films d’animation Petites dramaturgies fédérales (2013-2014) montre quant à elle plusieurs scénettes se déroulant au sein de ce bâtiment hautement symbolique. L’apparition d’une personne faisant le ménage évoque, entre autres, les coulisses du pouvoir.

    La série Mobilier est composée de 9 dessins vectoriels de grandes dimensions. Ici, l’objet est décliné dans des aménagements qui reproduisent des lieux quotidiens facilement identifiables. Les meubles et leur agencement remémorent ceux des catalogues de vente, plus ou moins luxueux. Habitée d’un ou deux personnages, chaque image donne à voir une action, aussi théâtrale que décalée : équipé de fusils de chasse, un couple occupe un salon au design danois ; une danseuse effectue un grand écart sur un appareil de fitness – digne d’une machine de torture – dans une chambre à l’ameublement épuré ; juché sur un escabeau, un employé arrose des plantes vertes, seules signes de vie dans un espace aseptisé. Les comportements stéréotypés des personnages de cette série sont donc révélés par le mobilier dans lequel ils évoluent, tandis que le rendu formel, normatif et rigoureux, autorise Joëlle Flumet à adopter une distance critique par rapport à la consommation et à la surproduction, ainsi qu’à la  recherche permanente du bien-être. (NM-2021)

Media

Results:  0

No elements available!